Aux frontières de l’Art

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Cette tribune me donne l’occasion d’un voyage aux frontières de l’art, là où se rencontrent Arts plastiques et Chirurgie plastique, dans une société où les pouvoirs sont disputés entre les mondes de l’argent, des médias, des politiques et des bureaucrates.

Notre chirurgie esthétique est-elle un art ? Comment s’y retrouver, à une époque où tout d’abord le sens des mots est souvent dévié, perdu surtout lorsqu’un titre de noblesse est généreusement distribué, comme celui d’“Interne”, qui au départ nommait uniquement les reçus au concours… La dénomination “Art” (art majeur il s’entend !) n’y a pas échappé, distribuée à toute une variété d’arts, plutôt “arts de variété”. Ce qui est donné aux uns est retiré aux autres. Pour sa part, “Chirurgie esthétique” vacille souvent entre diverses évocations, entre gloire et caricature, mais nos réussites et le caractère unique de nos bienfaits sur le corps et l’âme font que, chirurgiens de l’Image, nous sommes encore les gardiens de la belle image de notre spécialité.

Partons du principe que le chirurgien esthétique plasticien ne se prétend pas “artiste”, mais que, tel monsieur Jourdain, il pourrait par moment l’être ou presque l’être sans le savoir… L’exercice de notre chirurgie pouvant se rapprocher de très près de l’exercice d’un art.

La chirurgie esthétique est proche d’un art qui, pendant des siècles a eu pour vocation de servir le monde et de narrer la condition humaine avec une certaine humilité. La nôtre, c’est d’abord celle d’une chirurgie du visible où le chirurgien doit être invisible. Par ailleurs, nous travaillons avec un partenaire qui est la vie, sa réalité biologique et notamment les lois de la cicatrisation. Nul d’entre nous n’est au-dessus de ces lois fondamentales. Le principe de réalité est notre partenaire, et les résultats rapidement visibles de la chirurgie (bons ou mauvais) sont une leçon d’humilité et un apprentissage constants. Comme jeune interne, j’eus la surprise de découvrir l’une de mes premières patientes de chirurgie esthétique démesurément (et définitivement) reconnaissante, bien plus que l’ouvrier auquel j’avais réimplanté un doigt. J’appris ainsi que le bienfait n’était pas proportionnel à “l’héroïsme” de l’opération et par la même occasion que la chirurgie était le meilleur ennemi des préjugés ou d’une quelconque pensée dogmatique.

Nous sommes proches également d’un art où, comme l’artiste, nous devons respecter la matière sur laquelle nous agissons et avec laquelle nous dialoguons, car c’est elle qui nous enseigne (“ matière” et “maître” sont presque en anagramme).

“La pierre,[...]

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À propos de l’auteur

Chirurgien plastique et esthétique, PARIS.