Dans les démocraties modernes, la société repose sur l’acceptation individuelle de règles collectives qui peuvent être en contradiction avec les exigences d’un individu. Si ce dernier a conscience de l’injustice de la société à son égard et de sa “solitude d’opprimé”, l’individu a alors tendance à ne pas respecter ces règles car il a des aspirations et des intérêts que la société ne lui accorde pas. Ne pas accepter les règles peut se manifester sous toutes les formes possibles et imaginables : de la simple rancœur à la révolte. Lorsqu’une proportion importante des individus d’une société n’accepte plus les règles (consensus démocratique), la situation de la société devient précaire et la tentation des dirigeants de cette société (au sens large) peut être de rechercher un dérivatif à la grogne populaire.
Aujourd’hui, notre société, “matraquée” par les informations instantanées, est extraordinairement sensible à l’émotion immédiate générée par les médias et soumise à des “modes” d’opinion publique. “Opinion publique”, voilà la grande meneuse des temps modernes, la grande prêtresse de notre société. Diviser l’opinion publique ou l’orienter pour créer de cibles dérivatives aux problèmes réels est une spécialité ancestrale du pouvoir sous toutes ses formes.
Les médecins, dans leur ensemble, sont depuis une vingtaine d’années des “victimes expiatoires” d’une partie de l’opinion publique, sous l’influence des médias qui ne sont en réalité que les porte-paroles des “gouvernants au sens large”. Depuis 1995 et l’aggravation des déficits de l’assurance maladie, les médecins sont désignés par les hommes politiques et les hauts fonctionnaires de la santé comme les principaux responsables de ce déficit. Le Premier ministre de l’époque, A. Juppé, avait alors instauré une “taxe spéciale” sur les revenus des médecins !
Autre bonne idée des années 80 (S. Veil, J.L. Barrot) : le numerus clausus dont l’objectif réel était de diminuer l’offre de soins en diminuant le nombre de médecins, donc les dépenses (CQFD). Et pourquoi alors ne pas supprimer les routes pour diminuer les accidents ?
Depuis cette période, quelle que soit la couleur politique des gouvernants, les médecins ont toujours été la cible d’attaques répétées pour la bonne raison que les déficits de l’assurance maladie n’ont jamais cessé de progresser et que la situation économique générale est désastreuse.
La dernière offensive est celle du pouvoir actuel sur les fameux “dépassements d’honoraires”, terme inepte passé dans le langage commun et qui nous ramène à notre spécialité. Il faut dire qu’il est simple de dénoncer les chirurgiens qui sont parmi les médecins dont les revenus sont les plus élevés. La démagogie facile des gouvernements a été amplifiée par des journalistes[...]
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